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Top 5 des alternatives aux pesticides

Dernière mise à jour : 12 avr. 2021

S’inspirer des stratégies de défense des plantes pour abandonner les produits chimiques



Les pesticides actuels sont des produits chimiques qui posent de nombreux problèmes environnementaux. Pourtant, il existe des solutions alternatives aux pesticides : les stratégies de défense des plantes !


Les pesticides, des produits chimiques mais pas que…

Les plantes subissent de nombreuses attaques, et ne peuvent pas fuir un prédateur. Il existe d’ailleurs différents types de bioagresseurs :

  • Les phytopathogènes (des agents infectieux, c‘est-à-dire des maladies pour la plante) ;

  • Les ravageurs (les herbivores se nourrissant de ces plantes par exemple) ;

  • Les adventices (plantes concurrentes, appelées mauvaises herbes) ;


Depuis que l’homme cultive les végétaux à des fins alimentaires, l’usage de substances chimiques, telles que les pesticides, s’est répandu comme une traînée de poudre pour se débarrasser des bioagresseurs. Les pesticides sont des produits chimiques utilisés depuis plusieurs siècles pour lutter contre les bioagresseurs d’une culture. Par exemple, durant la Grèce antique, l’usage du soufre en tant que pesticide était déjà bien répandu !

Après plusieurs siècles d’utilisation, amplifiée par une logique d’intensification de la production et d’augmentation des rendements, les pesticides et leurs usages sont aujourd'hui remis en cause. Les chiffres sont préoccupants : en 2018 plus de 60 000 tonnes de substances chimiques (entendez pesticides) ont été vendues en France.

Les pesticides sont donc au cœur d’enjeux environnementaux extrêmement importants. Ils sont retrouvés dans les cours d'eau, dispersés dans l’air et nuisent à la biodiversité, vous avez certainement entendu parler de leurs effets sur les abeilles. Des études menées par l’ancien Monsanto, désormais racheté et absorbé par Bayer, ont montré que les pesticides produits sont létaux pour un grand nombre d’insectes. Les pollinisateurs sont des maillons essentiels de la chaîne écosystémique, ils contribuent à la fertilisation et donc la reproduction des plantes. De ce fait, le déclin des pollinisateurs occasionné par les pesticides est très problématique.

Aussi, les pesticides représentent aussi un danger sanitaire avéré pour l’homme : en plus de la pollution de l’air et des cours d’eau, ils sont retrouvés dans les puits d’eau potable ou nappes phréatiques, ainsi que dans les aliments que nous consommons ensuite.


Par ailleurs, l’un des principaux problèmes des pesticides est qu’ils ne sont pas ciblés. Lorsqu’un pesticide est appliqué sur une culture pour éliminer un bioagresseur, c’est une immense majorité de la biodiversité environnante qui sera détruite. Pourtant, la nature a mis en place des stratégies tout à fait pertinentes pour lutter contre les bioagresseurs. Découvrez tout de suite notre top 5 des meilleures alternatives aux pesticides inspirées de la nature.



Des pesticides remplacés par des filets : culture piégée mais protégée.


Des alternatives aux pesticides dont le principe est inspiré des épines de rose, ça vous parle ? Les plantes possèdent des barrières physiques et mécaniques qui leur permettent de repousser les ravageurs. Les feuilles épineuses du houx en sont un parfait exemple. Dans la famille des défenses physiques nous pouvons aussi trouver certaines espèces de plantes qui se replient pour limiter la surface d’attaque des herbivores, comme le mimosa pudique.


Pour protéger ses cultures, l’homme a mis en place des systèmes qui s’inspirent des défenses des plantes comme : des filets de protection pour les fruits, des gaines de protection pour les arbustes… De plus, ces filets peuvent aussi protéger les cultures des intempéries : d’une pierre deux coups !


Les éliciteurs : des molécules qui feraient rougir plus d’un pesticide.


Les plantes sont à la tête d’un arsenal immunitaire très performant mais très complexe. En effet, il existe une diversité de stratégies et mécanismes impliqués dans le système immunitaire végétal. Cependant, généralement l'organisation de la défense s’organise en deux phases successives. La première est la détection de l’attaque du bioagresseur, suivie des mécanismes d’actions visant à limiter sa propagation.

Actuellement, des recherches sont en cours sur des éliciteurs. Il s’agirait de synthétiser des molécules qui seraient reconnues par les plantes comme un bioagresseur et qui stimuleraient leur système immunitaire sans pour autant faire de dégâts. Plusieurs types de molécules pourraient assurer ce rôle de stimulateur des défenses. Lorsque les plantes reconnaissent une attaque, leur système immunitaire s’active et met en place des défenses (qui dépendent du type d’agresseur qu’elles ont reconnues). L’approche est très similaire à celle de la vaccination : on utilise une molécule que la plante reconnaît comme un bioagresseur afin qu’elle mette en place les défenses immunitaires adaptées.



Des pesticides inspirés du proverbe “L’ennemi de mon ennemi est mon ami”.


Les plantes ont plus d’un tour dans leur sac quand il s’agit de se défendre contre les bioagresseurs et elles n’ont pas attendu les pesticides pour mettre au point des stratégies tout à fait innovantes. Lorsque certaines espèces de plantes détectent une attaque d’un bioagresseur, elles émettent des composés volatils qui attirent les prédateurs du bioagresseur en question. C’est le cas du maïs qui appelle au secours des guêpes parasitoïdes pour se débarrasser des larves de papillons qui le dévorent. Les trichogrammes, ces petites guêpes parasitoïdes qui volent au secours du maïs, vont pondre dans les œufs du papillon ravageur. Les larves de trichogrammes se développent en dévorant les œufs de pyrale qui ne peuvent donc plus attaquer le maïs.


Pour s’affranchir de l’usage des pesticides, les hommes ont mis en place des stratégies qui s’inspirent de ce principe. Elles peuvent être directes, en intégrant certains prédateurs dans les zones de culture comme les trichogrammes (ces fameuses guêpes parasitoïdes) contre la pyrale du maïs. Sinon, à la place des pesticides, sont répandus des composés qui attirent les prédateurs des bioagresseurs. Ces deux solutions permettent de faire appel aux organismes vivants pour défendre les cultures et sont plus ciblées ! Attention tout de même, il s’agit de faire attention, car l’introduction d’une nouvelle espèce dans un écosystème n’est pas sans conséquences. Il ne faut pas que les espèces introduites deviennent envahissantes car cela règlerait une problématique en en créant une nouvelle.


“L’habit ne fait pas le moine” : alternative aux pesticides innovante.


Pour finir nous allons nous intéresser à une alternative aux pesticides qui vous demandera un peu d’imagination.

La passiflore a une stratégie défensive tout à fait inédite contre certaines espèces de papillons qui pondent sur ses feuilles. Les larves qui en sont issues non contentes de dévorer la passiflore se dévorent aussi entre elles ! De ce fait, lorsqu’un papillon repère une passiflore déjà occupée, il passe son chemin.


Oeuf d’helionicus


Ainsi, certaines plantes, comme la passiflore, ont développé sur leurs feuilles des excroissances imitant les œufs de papillons pour être totalement épargnées. Nous pourrions donc imaginer une alternative aux pesticides qui agirait comme un leurre pour les bioagresseurs. Par exemple, une peinture à appliquer sur les plantes, à la manière d’un pesticide, et qui mimerait les œufs d’un papillon sur d’autres espèces de plantes. Excroissance sur une feuille de passiflore


Un pas en avant vers la transition agroécologique, deux pas en arrière pour les pesticides


Alors, êtes-vous maintenant convaincus de l’intérêt de comprendre les mécanismes de défense des plantes notamment pour arrêter l’usage de pesticides ?


Attention tout de même, il s’agit de nuancer les solutions que nous vous avons présentées car aucune d'entre elles n’est magique. L’utilisation massive de produits chimiques est l’une des conséquences de la logique productiviste de la fin du XXème siècle. C’est l’intégralité de l’organisation actuelle des systèmes de culture qui doit être repensée. En effet, la maximisation des rendements est devenue une priorité, les mono-cultures ont été généralisées car plus rentables et l’utilisation de produits chimiques, pesticides comme engrais, est une nécessité.


Ces nouvelles manières de cultiver la terre ont amené avec elles de nouvelles problématiques. En effet, les bioagresseurs sont souvent spécifiques d’une espèce végétale. Donc si un champ n’est composé que d’une seule espèce, une invasion de bioagresseurs décime toute la culture. En revanche, si plusieurs espèces végétales sont cultivées sur un même champ cela limite l’impact des bioagresseurs, sans pour autant avoir besoin d’utiliser des pesticides. La biodiversité augmente fortement la résilience des écosystèmes aux attaques de ravageurs.


D’un autre côté, nous constatons depuis plusieurs années que la logique d’intensification de la production a abîmé les sols. Ils sont devenus, au fil du temps, pauvres en nutriments et moins aptes à nourrir les plantes. L’agriculture intensive moderne utilise massivement des intrants chimiques pour combler les déficits en nutriment des sols. Imaginez un marathonien, pendant une course, il mange des barres protéinées et boit de l’eau pour avoir de l’énergie, ce sont les engrais que l’on applique sur les cultures pour les booster. Seulement, au bout de plusieurs dizaines de kilomètres la course prend fin et il est temps de prendre du repos. C’est ce temps de repos qui manque aux surfaces cultivées. L’épuisement de la terre a non seulement diminué la fertilité des sols, mais aussi affaibli les plantes. Eh oui, lorsque vous êtes fatigués ou que vous ne vous nourrissez moins bien, votre système immunitaire est moins efficace et vous tombez malade. La logique est la même chez les plantes.


Toutes ces modifications culturales ont donc accentué la dépendance des cultures actuelles à la fois aux engrais chimiques mais aussi aux pesticides. Toutes les actions chimiques ont leurs limites et surtout déstabilisent fortement les écosystèmes. Il s’agit donc d’en prendre conscience et d’adapter nos systèmes de culture. Pour cela, il faut à la fois repenser les modèles de production actuels et diminuer drastiquement l’utilisation de pesticides chimiques qui nuisent fortement à l’environnement. Les solutions alternatives aux pesticides inspirées des stratégies de défenses des plantes représentent donc une immense opportunité pour produire autrement. Et pour développer ces solutions, nous avons à disposition une source d’inspiration sans limite, éprouvée par des millions d’années d’évolution, qui est la nature.

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